Après avoir vérifié que le terrain n’était pas complètement miné, par là Arash entend, la présence d’une Ann très énervée dans l’appartement, Arash se met en tête de rendre visite à Wes pour prendre de ses nouvelles et débriefer ou non, selon les besoins du poto, le séjour familial à Chicago. Comme Arash est un type plutôt sympa (et prévoyant), il a apporté de quoi faire des nachos avec la masse de fromage fondu et de sauce, mais aussi une guitare (on ne sait jamais, toujours emporter une guitare en cas de besoin). Si Ann décide de revenir, il saura au moins comment l’amadouer, parce qu’il sait par expérience qu’elle peut crier très fort, très très fort. Et comme personne ne refuse jamais de bon nachos tout droit sorti du four préparés à la ‘Rash’, le plan B semble fonctionnel sous tout points de vue.

Sa guitare sur le dos il s’engouffre donc dans le métro pour éviter les bouchons New Yorkais en se demandant quand même qui peut se permettre de vivre dans une résidence telle que l’Astor House. Quand il arrive devant le portier, il montre patte blanche, autant que faire se peut avec un facies iranien qui visiblement suscite quelques regards suspicieux auquel Arash est malheureusement habitué. Une fois son background check terminé et la sour sauce identifiée comme telle, il sonne à l’appartement de Wes, si luxueux pour un métalleux. Quand il ouvre, Arash sourit.

- Saluuut, code rouge ou je peux entrer avec mes mon kit de nachos ? Le type en bas il était pas super impressionné, mais normalement il a pas appelé la police.

Arash salue son pote et pose la guitare dans ce magnifique palace qui a pourtant toujours le statut d'appartement.

Wesley était ravi de recevoir son pote Arash. On dit souvent qu'à deux, on est plus intelligents, mais dans leur cas, c'était plutôt : à deux, on est aussi débile l'un que l'autre. Surtout en ce qui concernait les relations amoureuses. Bref, cette soirée s'annonçait bien sympathique, à défaut de faire émerger une conception brillante de la notion de couple. Lorsqu'il ouvrit la porte, Wes éclata immédiatement de rire : « Pas de code rouge, entre, merci pour les nachos gars. » Le plat changea de mains et Wes s'effaça pour le laisser passer. D'un œil amusé, il l'observa fureter dans l'appartement comme un animal traqué à l'affût des traces de son prédateur. « Ann n'est pas là, tu peux baisser la garde. C'mon Arash, arrête ton cirque, comment tu peux avoir peur d'elle, c'est un ange ! » C'est seulement à cet instant qu'il remarqua la guitare dans le dos de son ami. Autant dire qu'aux yeux de Wes, se pointer chez lui avec un instrument (guitare, violon, trompette, et même triangle) faisait instantanément grimper le capital sympathie de l'invité. Une très bonne stratégie, donc. Un grand sourire s'étala sur son visage. « Monsieur est un homme de goût. », apprécia-t-il.

À la mention du "type en bas", Wes s'enquit avec toute la nonchalance dont peut faire preuve un mec qui n'a pas réalisé qu'il vit dans un palace : « John ? Nah, t'inquiète, il a l'habitude. » Le concierge commençait à connaître leur petit couple atypique, et il savait que le peu de visiteurs qui ne ressemblaient pas à des mannequins pour United Colors of Benetton étaient probablement des connaissances de Wesley – Wesley le petit gars sympa malgré son look discutable, celui s'arrêtait souvent discuter et qui semblait partager sa passion pour les potins de la résidence. « Il m'aime bien et par extension il aime bien mes potes. » Le musicien s'affala dans le canapé et invita Arash à choisir une boisson sur le plateau qu'il avait préparé. Aussi ringard qu'à son habitude, il demanda : « Comment vont les kids ? »

Arash fait glisser son super kit de nachos sur le comptoir de la magnifique cuisine ouverte de Wes après avoir déposé délicatement sa bien plus précieuse guitare sur le canapé, comme s’il s’agissait d’un nouveau né emmitouflé dans sa petite couverture. Visiblement, la reine des lieux n’a pas décidé de pointer le bout de sa couronne et si Wes se moque gentiment de lui à ce sujet, Arash tient surtout à savoir si le duo de musiciens va pouvoir discuter sans avoir à tourner autour du pot ou marcher sur des oeufs. Le ténor plaisante, mais il apprécie beaucoup la flamboyante compagne de Wesley en réalité, même s’il est persuadé que la version adolescente d’Annie et son frère Harry ont sans doute été à l’origine de quelques plans foireux dans lesquels il s’est inévitablement retrouvé avec leur énergie débordante et la suite qu’ils pouvaient avoir dans leurs idées de merde. Fatalement, même les hommes ô combien virils comme Wes & Arash ont besoin parfois de debriefer les derniers événements dramatiques de leur paisible existence, cette activité n’est pas exclusivement réservée à la gente féminine en dépit des grossiers clichés qui taperaient sur les nerfs d’Ann pour ne citer qu’elle.

- Oh tu sais, c’est surtout pour toi, t’avais des choses à raconter dans mon souvenir, et c’est sans doute mieux qu’elle soit pas là pendant la narration non ? D’après tes messages elle est semblait assez furax…

Arash retourne s’occuper des Nachos qu’il met dans un plat et nappe généreusement de sauce et de fromage, la base des nachos à l’Arash…

- T’as des jalapenos, ou on fait sans ? Je les ai zappés sorry…

Arash a beau toujours partir avec sa liste de courses, il finit toujours par oublier un truc au dernier moment, à l’époque ça rendait Alice dingue, et ce n’était pas rare qu’ils se retrouvent en pénurie de papier toilettes par sa faute. On oublie toujours l’essentiel. Arash met le tout au four et retourne auprès de la femme de sa vie, sa merveilleuse Martin qui trône sur le canapé. Wesley semble bien s’entendre, avec le raciste du bas alors Arash lui donne le bénéfice du doute. hausse Quand le sujet des enfants vient sur le tapis, Arash hausse les épaules.

- Il y a du progrès, Alice me laisse les voir sans avoir à déranger mon frère. Ils font des conneries à l’école, et on est souvent convoqués par les profs, mais rien de bien méchant…

Le sujet n’est pas évident pour Arash, à dire vrai les blessures sont toujours ouvertes et peinent à cicatriser. Le ténor regrette sa vie d’avant, les moments avec Alice, sa vie de famille qui aurait pu être différente de ce qu’elle est aujourd’hui. S’il pouvait prendre un chiffon et effacer ces dernières années, il le ferait sans aucune hésitation et pourtant ce n’est en aucun cas une option pour Arash.

Si Wes savait que la conversation s’orienterait tôt au tard sur le weekend catastrophique qu’il avait organisé à Chicago, il ne s’attendait pas à ce qu’Arash mette les pieds dans le plat aussi rapidement. Il aurait préféré, lâchement, bénéficier d’un peu de répit avant de revivre cet épisode loin d’être à sa gloire. En se tortillant un peu sur son siège, il grommela : « Yep, furax, c’est le mot. À sa décharge, j’ai été particulièrement con. » Un euphémisme. « Pour la faire courte, j’ai… Enfin, plutôt, je n’ai pas… Prévenu ma mère que je voyais quelqu’un, genre, très sérieusement. » Encore un euphémisme, puisque Wes était censé se marier dans quelques mois. « J’étais vraiment satisfait de mon effet de surprise jusqu’à ce qu’on arrive devant la porte. Après, c’est parti en live – j’aurais pu m’en douter. Ma mère a été odieuse et Ann s’est sentie manipulée. » Le musicien soupira sans oser regarder Arash, trop honteux de la façon dont il avait géré la situation. Quelque part au fond de lui, il y avait cette peur, pas totalement infondée, qu’on le pense trop immature pour épouser qui que ce soit. Penaud, il tenta mollement de se justifier. « C’est pas du tout comme ça que ça devait se passer. Moi, j’imaginais qu’elle se décrocherait la mâchoire et qu’elle me demanderait pardon pour s’être autant désintéressée de ma vie pendant des années. » Il se tut, n’ayant pas grand chose de plus à ajouter pour sa défense, et se mit à boire de petites gorgées d’eau, comme pour diluer l’embarras qui s’infiltrait dans ses veines.

Heureusement, le doux appel des nachos se révéla être une excellente excuse pour mettre fin à cette conversation désagréable. Wes en salivait d'avance. La cuisine avait beau être son domaine (il en tenait Ann éloignée depuis qu’ils avaient fini aux urgences après une tentative culinaire de la jeune femme), Wes n’en restait pas moins une catastrophe organisagionelle. Le frigo était vide, il n'avait pas fait les courses depuis des lustres, tout juste restait-il les épices que lui envoyait régulièrement son grand-père. Pas de japanelos à l’horizon, donc. Sans quitter des yeux la montagne de fromage, il lâcha : « J’ai rien, mais t’en fais pas, c’est parfait comme ça. »

Le voile qui ternit le regard d’Arash rappela au grand brun à quel point le sujet de la famille était touchy pour son ami. D’un autre côté, qui n’aimait pas conter les affres de sa progéniture ? « Ah ouais, des conneries ? Raconte ! Si jeunes et déjà si prometteurs, tes mômes… » Par pure nostalgie, il avait hâte de découvrir comment la nouvelle génération faisait tourner en bourrique les adultes. Un domaine dans lequel il était lui-même champion, une trentaine d'années auparavant.

Arash en connait un rayon sur la connerie, et il offre une tape compatissante sur l’épaule de Wes pour l’encourager à vider son sac quant à cette rencontre impromptue entre sa compagne et la matriarche de la famille Takagi. Aucun jugement de la part du chanteur, ce serait d’une hypocrisie sans nom et dont Wes se passerait tout à fait. Fronçant les sourcils quelque peu à cette explication cependant, le ténor croit saisir l’idée de base de son ami, et en connectant ses petits neurones égarés, il voit comment cette fausse bonne idée a pu émerger dans l’esprit du musicien avant de se transformer en un fiasco monumental qui fait toujours trembler les murs de l’Astor House. Assez logiquement pourtant, il voit comment Anneke, dont le tempérament est connu pour sa douceur et ses réactions pleines de recul a pu se sentir trahie. Wow tough one.

- Si je résume bien t’as pensé que c’était métal de débarquer en mode surprise surprise to make your point with you mum ? Dude, ça aurait été super badass si tu l’avais prévenue avant, Ann je veux dire, mais là je pense qu’elle s’attendait à autre chose…

Arash sourit néanmoins, ce qui est fait est fait, il n’y a pas grand chose qu’il puisse faire désormais à part tenter d’apaiser la situation en faisant la carpette. Ca marchait avec Alice, il fut un temps…

- Enfin, mauvais moment à passer, mais si tu vides bien le lave vaisselle et que tu sors les poubelles pendant au moins trois semaines, tu devrais t’en sortir, sans les honneurs, mais t’en sortir quand même….

L’idée de ce plan, c’est de surtout pas en rajouter une couche dans les trois semaines suivant l’incident. Pas toujours évident, mais cela vaut le coup d’essayer. Arash sourit quand Wes lui demande ce que ses enfants ont pu inventer.

- Apparemment, des jurons d’origine britannique ont fusé dans la cours de récréation…