Un dimanche comme les autres

Un dimanche (pas) comme les autres
feat. @Olivia Acker

Ryan n'est pas le pingouin qui glisse le plus loin, ça, c'est un fait que tout le monde connait et assume, mais pourtant il passe son temps à étaler sa culture - qu'il n'a pas - et à parler à tort et à travers. Alors, quand ses parents lui ont dit de ramener sa copine dont il vante les mérites depuis trois semaines, il s'est senti vraiment con.

Le gamin est un beau parleur et tout le monde avait bien compris qu'il mentait, vu qu'il n'est pas aussi doué qu'il pense le faire croire à tous, sauf qu'il n'avait pas compris que tout le monde attendait qu'il assume sa connerie et s'excuse et retienne la leçon, non, l'imbécile est allé se chercher une copine. Bon, vu que la moitié des filles de son école le déteste parce qu'il agit comme un connard et qu'il a couché avec l'autre moitié pour x ou y raison et que, vu qu'au fond de lui il commence à se douter qu'il y a un truc bizarre quand il est avec une fille et qu'il agit juste comme on le lui a dit d'agir plutôt que comme il est réellement... bref, il a du mal à être en bon terme avec grand nombre de la gente féminine. Voilà pourquoi se dénicher quelqu'un capable de lui donner un coup de main est une expérience ... compliquée.

Sauf que Ryan n'a pas lâché l'affaire, un contrat a été signé - pas du tout, ils se sont juste serrés la main, et il y a moyen que la fille a même fait une grimace à ce moment-là - et une jeune femme rencontré en boîte de nuit avec qui il a passé la soirée à rire (même s'il n'a aucun souvenir sur l'origine de leur conversation et, chose étrange, ils ne se sont même pas pelotés) et qui a accepté de venir jouer ce rôle.

Maintenant, voilà quinze minutes qu'il est devant la maison, à attendre qu'elle débarque, parce qu'elle est en retard et qu'il est en train de stresser et que tout son plan va tomber à l'eau si elle ne se pointe pas et qu'il déteste passer pour un con. Oui, si elle n'est pas là dans 10 minutes, il part de chez ses parents et tant pis pour le déjeuner dominical !

- Ahhh, et voilà mon... poussin.

Peut être s'est-il exclamé un peu fort, mais il voulait montrer à ses parents qu'ils n'ont pas attendu en vain, d'ailleurs, il entend déjà les pas rapides de ses petites soeurs qui arrivent en courant pour voir le visage de l'amoureuse tant attendue.

- Rappelle-moi ton prénom, s'il te plait, j'ai oublié, rajoute-t-il précipitamment en murmurant dans sa direction avant qu'il n'ait plus la moindre occasion de le faire.

Y a qu'elle pour accepter ce genre de deal bizarre. Bon, le type avait déjà pas l'air d'avoir la lumière à tous les étages quand ils se sont parlés y a quelques nuits, comme s'ils étaient deux piliers de bar, ce qu'Olivia n'est pas encore. Mais, malgré un petit manque de lumière dans ses yeux et son esprit, elle a bien apprécié parler au type, en plus que pour une fois, c'était pas un gars super insistant et lourd. On dirait qu'il est juste claqué au sol pour draguer, mais est-ce qu'elle peut vraiment lui en vouloir ? Pas tellement. Enfin, elle a bien senti le truc louche quand il lui a demandé si, par hasard, elle était libre dimanche pour l'aider à faire croire à sa famille qu'il a une copine.

Faut dire que la brune aime bien jouer avec le feu, alors elle a dit oui, sans pour autant avoir une mauvaise idée derrière la tête. Elle s'est dit que, peut-être, il s'était juste intéressé à elle pour lui demander ça, et elle ne doute pas que ça aurait été la question poser à une autre fille présente dans la boîte de nuit, qui se serait montré juste un peu avenante avec lui. C'est qu'en plus il est pas moche le bougre, mais comme dit, il illumine pas de par son intelligence ou même... son naturel. Mais, heureusement pour Liv, elle vient d'une famille de riches et elle sait exactement comment se comporter dans ce genre de situation : en étant la pire peste possible.

Évidemment, elle est arrivée en retard ─ même si elle a horreur de ça et qu'elle a grincé des dents ─, perchée sur des hauts talons, une jupe courte et un haut qui aurait dû être plongeant, si elle était dotée d'une poitrine plus volumineuse, ce qui n'était pas le cas. Quand sa grand-mère l'a vue dans un tel accoutrement, elle a bien cru qu'elle allait s'évanouir, mais elle s'est contentée d'enguirlander Olivia, qui est quand même partie en pleine engueulade. Elle allait en entendre parler en rentrant, mais elle sent que cette journée en vaudra la peine.

-Je suis vraiment désolée pour mon retard, mais mon majordome était d'une lenteur aujourd'hui pour conduire, holala ! A croire qu'on va devoir le remplacer pour quelqu'un de plus compétent ! Bébé, tu m'as manquée, qu'elle roucoule presque en lui envoyant un clin d'œil.

Enfin, la brune ignore totalement la question de Ryan, lui adresse même un petit regard noir en coin, tandis qu'elle s'approche elle-même de la famille Lowell, le bruit incessant de ses talons sur le sol.

-Je suis Olivia, j'avais extrêmement hâte de vous rencontrer ! J'espère que Ryan n'a pas manqué de chanter mes louanges, elle dit avec un grand sourire avant de se saisir de la main de son prétendu copain.

Oh, elle ne va pas le rater.

Un dimanche (pas) comme les autres
feat. @Olivia Acker

Ryan a vraiment un instant de choc en la voyant sortir, elle n'était pas comme ça n'est-ce pas l'autre soir ? Il l'aurait vu si elle était si provocante, au contraire, elle avait l'air tout d'une femme intelligente et raisonnable. Bon, certes, ils avaient bien bu et son jugement avait sûrement fini par être en échec critique, parce qu'il n'y a plus rien de bien net. Pas même son prénom.

Quand elle s'avance, tout sourire, Ryan ne peut rien faire d'autre que de la suivre, comme l'idiot qu'il est. Elle est riche, il ne s'en était pas rendu compte, mais elle est aussi infecte et ça, il aurait du le voir. Elle avait l'air normale, pourquoi ne pouvait-elle pas être normale ?

- Compte pas sur moi, j'ai un boulot, grogne-t-il plus pour lui-même.

Le pire, c'est qu'elle serait capable de lui proposer, juste pour le faire chier, ça, il l'a bien compris. Ce dimanche, qu'il avait espéré différent de d'habitude le sera bel et bien, mais pas dans le bon sens.

Alors, Ryan va faire ce qu'il sait faire le mieux. Si elle l'enfonce, il s'amusera aussi à la pousser dans ses retranchements, après tout, elle va jouer le jeu jusqu'au bout non ? Elle l'a promis, elle va jouer à sa parfaite petite copine avant de le plaquer brutalement, mais qu'importe, ses parents auront au moins le bon sens de la détester et de laisser Ryan tranquille.

A moins qu'elle arrive à les retourner contre lui ? Oh, la garce. Trop de possibilités, il va falloir qu'il la cuisine.

Si son père jette un regard interrogateur à Ryan - sûrement à causes des vêtements d'Olivia, dieu merci, elle s'est présentée - sa mère ne voit rien d'autre qu'un ange tombé du ciel. Merde, elle l'aime déjà.

- Olivia, tu es la bienvenue ici ! Ce grand dadais ne nous a dit que des banalités, comme quoi tu es drôle, exquise, intelligente et belle, moi je veux du concrets, viens donc me raconter tout ça ! Mais c'est vrai que tu es magnifique, roucoule-t-elle.

Ryan peut-il lui en vouloir ? Elle est heureuse pour son fils, la chute n'en sera que plus vertigineuse. Mais dans quoi s'est-il encore fourré !

- Le grand dadais entend tout n'a-t-il pas finit de marmonner dans son coin ?

- Ohhhh, je peux avoir la même jupe, Papa chériiiii ? s'exclame l'aînée des jumelles, des étoiles plein les yeux.

- Tu m'apprendras à faire ce traits de liner ?? demande la seconde, pas en reste.

Et le quatuor de fille s'éloigne vers la véranda, en piaillant et Ryan ne peut s'empêcher de sourire. Ses soeurs lui sauveront peut être la mise.

- Idiot souffle son père en lui frappant affectueusement la tête avant de les suivre.

Et dire que ça ne fait que commencer ! Ryan ne se permet qu'un soupir avant de foncer à son tour vers la table installée. Ses parents ont sorti l'argenterie et il se demande lesquels s'amusent le plus. Ses parents ? Olivia ? Ses soeurs ? Pas de doute, tous rient déjà à ses dépends. Dans combien de temps sa mère sortira l'album photo où on voit les fesses de Ryan de sa naissance à ses 10 ans ? Il s'assied rapidement et tente de détourner l'attention.

- Ça sent délicieusement bon, clame-t-il, puis il tourne vers Olivia. Comme ce premier plat que tu m'avais cuisiné pour un de nos dates, tu te rappelles ? Ces pâtes totalement cramés, c'était merveilleux.

Elle est riche, la probabilité pour qu'elle ne sache pas cuisiner est assez élevée, Ryan commence à attaquer à son tour.

Pour jouer à la guerre des cons, Olivia est aussi douée, et vu qu'elle a rarement l'occasion de montrer ses talents en la matière, elle ne va pas se gêner aujourd'hui. Parce que c'est un geste de connard de demander à des inconnues de supporter sa pression familiale parce que lui, visiblement, a du mal à faire avec. Et elle en sait quelque chose à ce sujet, Liv. A souvent eu peur d'être une déception aux yeux de ses grands-parents, elle que sa mère n'a jamais voulu et a abandonné rapidement. Et elle a décidé, finalement, de prendre les risques de les décevoir, de pas être la petite fille qu'ils voyaient en elle. Aujourd'hui, elle ne fait que montrer qu'un joli mensonge ne protège pas, n'aide pas. Faut-il encore qu'il comprenne le message puisqu'il n'a pas l'air d'avoir la lumière à tous les étages... En plus qu'elle vient à l'aveugle, sans avoir aucune idée de la famille à laquelle elle se confronte.

Et la famille est plus charmante que juste le fils, elle doit bien l'avouer. Mais puisqu'elle y est, maintenant...

-Oui, bien sûr, ton boulot c'est de t'occuper de moi, qu'elle réplique avec un grand sourire.

Alors, Liv se laisse entraîner par la mère de Ryan, lui offre son bras comme si elles étaient des grandes copines, et elle s'avance en papotant avec la dame avant de se faire interrompre par les plus jeunes soeurs, à qui elle offre un sourire à leur tour et s'accroupit à leur niveau.

-Attends, j'ai des jupes encore plus jolies que celle-là ! Et je pourrais vous montrer des trucs supers cool avec du maquillage si on a du temps, elle leur fait un clin d'oeil. Et je suis sûre qu'on aura plein de temps aujourd'hui, n'est-ce pas mon chéri ? Tu ne vas pas me faire fuir aussi rapidement de chez tes parents, quand même !

Alors toutes les filles papotent, très vite tout le monde s'installe à table et Liv passe clairement plus de temps à parler avec le reste de la famille que son prétendu petit-ami, qui prend un ultime plaisir à couper la conversation et préfère plutôt parler comme une vipère. La brune se tourne vers son petit-ami, lui offre un sourire tranchant.

-Notons que les choses se seraient mieux passées si tu n'avais pas été en retard. Mais tu as de la chance que je t'aime. Vous saviez qu'au début, il ne m'appelait jamais par mon prénom parce qu'il l'oubliait ? Pourtant j'ai un prénom courant, mais quand on pense pas plus de deux secondes... alors elle rit, pour faire passer ça.

Tacle pour aujourd'hui, parce que bordel, c'est pas si compliqué que ça de se souvenir de son prénom, Olivia. Elle, elle s'est bien souvenue qu'il s'appelle Ryan. Elle dépose une main sur son bras, serre légèrement, plante surtout ses ongles. Quand le repas commence à être servi, elle remercie chaleureusement la mère de famille avant de poursuivre cette guerre puérile.

-Avant moi, Ryan a eu beaucoup de petite-amies ? Il ne veut jamais en parler, alors j'enquête auprès de vous ! Pas que je craigne de la compétition, de toute façon.

» PRUNE - Gâcher toutes nos joies comme un sale gars
» Un coeur n'est juste que s'il bat au rythme des autres coeurs. - Paul Éluard

Un dimanche comme les autres

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